Ah, l’Inde… Ses paysages exotiques, son Taj Mahal, son curry, ses éléphants, ses films musicaux… Et ses accessoires de mode qui franchissent les frontières pour aller hypnotiser les contrées occidentales. Car oui, Bollywood est définitivement à la mode et il s’agit de s’approprier un peu de la beauté mystique des femmes indiennes à travers le bindi, cette marque rouge portée sur le front.
Hippie chic et symbole choc
Comme beaucoup de spectateurs, j’ai découvert la beauté indienne avec Slumdog Millionaire, le film de Danny Boyle. Avant, je ne connaissais l’Inde qu’à travers quelques photos dans des magazines de voyage, et des trucs qu’on sait à peu près tous – les traditions, la cuisine, le Taj Mahal et le cricket.
Et puis je me suis rendue compte que les femmes indiennes ont un « truc », quelque chose qui les rend différentes. Et pas seulement les actrices célèbres, poudrées et fardées comme des poupées, mais toutes les femmes. J’ai compris que le bindi y était pour quelque chose ; que cette marque rouge au milieu du front donnait au visage un charme particulier.
Après quelques recherches, j’ai découvert que le bindi est en train de devenir un accessoire de mode, partie intégrante du style « hippie chic ». Popularisé en France par Vanessa Paradis, le hippie chic consiste en gros à s’habiller comme les spectateurs du festival de Woodstock – robes amples, cheveux détachés, couronne de fleurs sur le front – mais avec un certain chic.
Bindi par-ci, bindi par là
Si l’on ajoute le bindi à ce style vestimentaire, on se trouve alors à mi-chemin entre la hippie américaine et la femme indienne, entre le décontracté et l’esthétique, entre le chic et le choc.
Cet accessoire étonnant est, en effet, en train de devenir « fashion » à souhait. Il a fait fureur au festival de Coachella 2014, le lieu incontournable de toutes les tendances, porté façon bohème par Vanessa Hudgens, Selena Gomez et Kylie Jenner. Ne vous y trompez pas pour autant : il était déjà l’ornement privilégié de Madonna et de Gwen Stefani (souvenez-vous, le groupe No Doubt) dans les années 90.
S’il redevient tendance aujourd’hui, ce n’est plus sous la forme traditionnelle du rond rouge dessiné avec de la poudre kumkum (ou sindoor), mais en version autocollante et selon différents motifs : gouttes, perles, lignes, ornées de strass ou naturelles, colorées ou non. Il existe des dizaines de possibilités pour tous les goûts.
Un symbole avec lequel on ne plaisante pas
Mode ou pas, les réactions ne sont pas toutes positives. J’ai constaté que sur les réseaux sociaux, certains reprochent aux célébrités de porter le bindi sans avoir connaissance de ses significations culturelles et mystiques, donc implicitement sans respecter celles-ci. Il semblerait que ce symbole, qui intrigue les occidentaux, soit utilisé à mauvais escient dans beaucoup de cas.
Et là, je me suis rappelé d’une polémique il y a trois ans : une photo postée sur Instagram par Selena Gomez, vêtue d’un sari (cette robe coutumière indienne) et portant le bindi sur le front. Elle souhaitait rendre hommage à Ravi Sankar, le célèbre musicien (et papa de Norah Jones), après sa disparition. Les réactions ont été un peu disproportionnées et sévères à son égard.
Le fait est que l’usage d’un symbole culturel et religieux de cette importance est soumis à quelques règles essentielles, si vous voulez faire montre de respect. J’ai donc enquêté pour connaître les origines et les significations du bindi.
Indien vaut mieux que deux tu l’auras
Le bindi ou tilak (ou tika ou pottu) est donc cette marque portée sur le front par les hindous. Il a deux raisons d’être : d’une part, il s’agit, selon qu’on soit homme ou femme, d’un signe d’appartenance religieuse ou d’un indice de situation maritale (généralement porté par les femmes mariées) ; et d’autre part, d’une marque porte-bonheur.
Par tradition, le rouge, la couleur habituelle du bindi, est un symbole de prospérité pour la maison qui fait de l’épouse la gardienne du bien-être domestique. Dans le Rig-Veda, le livre mystique de la philosophie hindoue, le bindi est arboré par la déesse Ushas qui incarne ainsi le soleil levant.
Le mot lui-même, bindi, vient de « bindu », un terme sanscrit qui signifie « la goutte ». Cette marque est un écho symbolique à la notion mystique de « troisième œil », l’œil inconscient de chaque personne qui définit son rapport au principe universel de création. Il est symbole à la fois de bonne fortune, de conscience et de festivité.
Méditer plutôt que médire
Pourquoi son emplacement est-il si important ? Parce que le centre du front est un point de pression majeur chez l’être humain, le centre symbolique de la méditation. Le bindi attire l’attention sur ce point précis, faisant du « troisième œil » le berceau commun de la pensée et de la beauté.
Aujourd’hui, le bindi dessiné à la poudre a été remplacé par sa version autocollante, très en vogue dans toutes les couches de la société indienne. On en trouve de toutes les formes et de toutes les couleurs, assorties de poudres d’or ou d’argent.
Enfin, sachez une chose très intéressante : porté sur le front, le bindi est censé posséder le pouvoir d’ensorceler le garçon aimé, à la manière des filtres d’amour dans la tradition occidentale (vous avez peut-être des souvenirs de Tristan et Iseut !). Alors, les amies, vous savez ce qu’il vous reste à faire : allier le charme à l’originalité, et faire désespérer d’amour tous ces messieurs !