Dans quelle mesure une fin peut-elle affecter l’évaluation d’un produit audiovisuel ? Ce n’est pas une question évidente, car on pourrait à juste titre pencher vers les deux extrêmes, c’est-à-dire considérer la fin comme la sublimation de tout ce qui l’a précédée, ou bien la minimiser pour se concentrer sur le voyage et non sur la destination, en utilisant de simples slogans publicitaires.
Il est clair que des dizaines d’autres facteurs devraient également entrer dans une telle discussion, des goûts personnels au genre lui-même doivent être pris en considération. Et, qu’on le veuille ou non, les productions Marvel entrent quelque peu dans cette seconde catégorie, car s’il est vrai que l’on ne doute jamais de ce qui va se passer et que le bien triomphe, d’un autre côté le comment peut avoir un impact dévastateur sur l’ensemble.
Une série complètement ratée par le final ?
Moon Knight en est la preuve : son final décevant et parfois embarrassant, crée une cascade de problèmes de grande importance pour l’ensemble de la mini-série produite par Disney Plus. Cependant, il est impossible de ne pas reconnaître les mérites d’un produit qui a essayé, de bien des manières et au milieu de hauts et de bas, de proposer quelque chose de très différent du reste de l’Univers Cinématographique Marvel.
Moon Knight atteint sa finale avec le sixième épisode sur Disney Plus, montrant toutes les critiques présentées tout au long de son histoire. Le final de Moon Knight nous rend confus. Le fait que la série n’était pas le meilleur produit de série de Marvel était clair depuis au moins la moitié des épisodes, mais on ne s’attendait pas à une conclusion aussi confuse et claudicante. Une bonne partie de la faute peut-être au fait que le sixième épisode de la série se conclut davantage par une « bataille entre titans » qu’en se concentrant sur les actions et événements vécus par Marc Spector / Steven Grant.
Tout est très flou au sein de Moon Knight, et ce n’est pas seulement à cause de la représentation entre la réalité perçue et la réalité psychique qui avait plus ou moins été taquinée dans l’une des jonctions essentielles de la narration en bande dessinée. La vérité est que la série, dès sa création, n’avait pas développé très bien l’esprit du personnage protagoniste.
Du somnambulisme à l’odyssée diabolique
La vie de Steven, en apparence un employé des souvenirs au British Museum de Londres très normal, bien que timide et peu sûr de lui, va changer tout d’un coup : Steven est en effet obligé de ne pas dormir car il se réveille par hasard dans des endroits éloignés de chez lui, un phénomène qu’il attribue à un somnambulisme banal. La situation est en réalité bien plus complexe, et Steven devra bientôt faire face au mystérieux mercenaire Marc et à une divinité égyptienne égoïste et manipulatrice, dans une odyssée qui l’amènera à découvrir des facettes insoupçonnées de lui-même, ainsi qu’à déjouer les plans diaboliques d’un ermite dérangé (rôle joué par Ethan Hawke).
L’attention à un niveau élevé est maintenue grâce aux atmosphères sombres. Des détails tels que le sang au premier plan et en focus, des combats plus gores, quelques teintes d’horreur à ne pas dédaigner, et un focus clair sur le trouble dissociatif de l’identité du protagoniste sont en effet et restent des témoignages précieux pour la série Marvel.
Un chef-d’œuvre d’introspection capable de frapper le spectateur au ventre pendant 50 minutes. Tout cela pour dire que Moon Knight, lorsqu’il est à son meilleur, est une montre suisse fabriquée à la perfection, avec des chapitres méticuleusement construits de manière non linéaire pour retrouver autant que possible la sensation d’un esprit brisé, fragmenté, décomposé. Mais que se passe-t-il quand Moon Knight ne fonctionne pas ?
Si l’intrigue commence à grincer…
Parmi les choses qui ne fonctionnent pas ou qui ne réussissent que partiellement, il y en a plusieurs :
- Les images de synthèse sont à un niveau assez décent, mais rien de plus.
- La transformation de Moon Knight, d’un personnage instable et violent à un power ranger avec un aspect comique, ne fonctionne pas.
- Les éléments ne se rejoignent pas, avec un manque de clarté sous-jacent rendu encore plus irritant par un humour mal placé, un gaspillage de potentiel sur tous les fronts.
- Le récit et la performance des acteurs ne sont pas au top.
- Le final de la série est emblématique, avec une mise en scène qui varie continuellement du bon au peu satisfaisant et au déroutant, à travers des mouvements de caméra incertains et dansants qui tendent à brouiller ce qui était intriguant quelques secondes auparavant.
En fait, si on le considère dans son ensemble – et cela est malheureusement dû en grande partie à la fin désastreuse – c’est une série plein d’explications incohérentes :
- Le fonctionnement d’un mystérieux au-delà.
- L’inutilité totale des avatars des différentes divinités.
- La fonction de Khonshu à des personnages qui changent soudainement d’avis en l’espace de deux secondes.
- Des véritables trous dans l’intrigue.
Moon Knight c’est comme un jeu de machine à sous en ligne qui n’a pas été adapté pour les petits écrans et qui, donc, ne marche pas sur mobile.
Et donc, qu’est-ce qu’il nous reste ? Une mini-série qui, d’une part, a les mérites louables d’avoir tenté mais qui, d’autre part, est une série de contenu faible et bancale, plombée même par une pauvreté imprévisible de la production. Et vous, qu’est-ce que vous-en pensez ?