Les maniques de gym, ces poignets de protection permettant d’éviter la blessure comme de recueillir la transpiration, sont-elles vraiment indispensables? Voilà qui nous plonge dans le monde de la gymnastique de haute compétition.
D’où nous viennent les maniques gym ?
Qui a entendu parler des maniques gym ? « Manique », du latin manica, manus signifiant « la main » ; aucun rapport avec le maniaque, encore que… Il ne s’agit pas non plus des gants de cuisine, appelés également « maniques », utilisés par le cuistot pour éviter de se brûler. Il est question ici des protections en cuir utilisées par les sportifs afin d’éviter les blessures liées au frottement de la peau contre les agrès (comme les barres asymétriques). Se fixant au niveau du poignet, les maniques couvrent la paume et se terminent par des trous où passent les doigts.
La conception des maniques a subi des bouleversements à travers le temps : les plus modernes s’étendent jusqu’aux phalanges et comportent un boudin situé au niveau des deuxièmes phalanges. En haltérophilie, on continue à se servir de modèles plus simples, qui ne couvrent que la paume. On voit souvent les athlètes à la télé, du reste, plonger leur main dans la poudre, avant de se lancer dans l’épreuve. Cette poudre, on l’appelle la magnésie, nom vulgaire permettant de désigner le très savant carbonate de magnésium ; la magnésie, autant que la manique, est indispensable à l’athlète.
Où se procurer des maniques gym ?
Il suffit de se rendre en magasin ou de consulter un site spécialisé pour s’apercevoir que ces objets précieux sont largement abordables. La gamme de prix s’étend de 5 à 48 euros. Toutes les couleurs. Motifs ou pas. Modèles pour garçons ou pour filles. Les unes sont destinées exclusivement à la pratique des anneaux ou des barres asymétriques ; elles ont seulement deux trous et possèdent un bourrelet d’un bon centimètre de diamètre. Les maniques pour la barre fixe ont trois trous et leur bourrelet est plus fin.
Les maniques gym comme instrument de libération du corps ?
Un livre récent, La petite communiste qui ne souriait jamais de Lola Lafon, publié chez Actes Sud, a mis à l’honneur la gymnaste roumaine Nadia Comaneci, qui a remporté le nombre astronomique de neuf médailles olympiques à l’âge de 14 ans et marqué notamment de son empreinte les JO de Montréal, en 1975. Il suffit de passer en revue quelques vidéos pour s’apercevoir que la petite Nadia n’utilisait pas de maniques. On ne peut en dire autant des sportifs actuels : coquetterie ou non, tous l’utilisent. Emilie Pennec, médaille d’or aux JO d’Athènes, en 2004, Marine Debauve ou Anne Kuhm, grandes gymnastes françaises, arborent des maniques. Du côté des garçons, que ce soient Benoît Caranobe ou Thomas Bouhail, ils utilisent, également, la plupart du temps, les précieuses protections.
A travers le prisme des maniques gym, c’est donc l’histoire du corps qui est en jeu. Avec le temps, les professionnels du sport sont de plus en plus attentifs à la santé des champions. Un outil aussi petit que la manique peut-il faire la différence ? S’agit-il d’un truc d’époque, un toc supplémentaire ? Lola Lafon donne bien l’idée, dans son livre, de la rupture qui s’est opérée dans la vie de la petite Nadia, à la puberté, et la souffrance amassée par son corps. Et, par-delà, le poids de la machine soviétique qui a œuvré derrière la petite fille pour la pousser sur la route de la perfection.
Les maniques, dorénavant omniprésentes, n’illustrent-elles pas une autre de nos tyrannies contemporaines ? Rajoutant des paillettes, de menus artifices, montrant que nous sacralisons l’objet, ne renonçons-nous pas ce faisant à la simplicité et l’élégance ?
Je vous offre enfin le plaisir d’admirer la magnifique performance d’Emilie le Pennec (avec ses maniques gym) aux JO de 2004 :